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Un environnement en perpétuel évolution.

Pour les insectes butineurs, les possibilités d'accès à des ressources mellifères et/ou pollenifères évoluent très vite au fil des saisons, au gré des semis, des plantations, des floraisons, des invasions de pucerons,... Mais il y a un autre paramètre qui évolue relativement vite aussi : c'est la transformation de notre environnement ; rien n'est éternel chez les végétaux et même des arbres réputés pour leur longévité finissent par mourir, tel ce chêne âgé de deux siècles, au diamètre imposant (1,80 mètre).













 Il a dominé le paysage de ce coin du bocage Vendéen pendant des dizaines d'années, mais sa fin est proche.






















Observez bien ces deux photos, il s'agit du même arbre photographié à 30 ans d'intervalle ; il est désormais moribond, mais dans son cas on peut penser qu'il s'agit d'une mort naturelle : deux cents ans pour un chêne c'est déjà respectable.









Un chêne en moins, ce n'est pas une grande perte de butinage pour les abeilles car elles ne visitent pas ses fleurs, mais quand même, les années où les pucerons se développaient sur son feuillage elles récoltaient du miellat en abondance. L'important dans cette histoire n'étant pas tant la perte d'un arbre séculaire mais la compréhension de l'impérieuse nécessité de replanter des arbres pour remplacer (et plus si affinité) ceux que nos aïeux nous ont légués.

Un environnement façonné par la main de l'homme.

La campagne est donc en perpétuelle évolution, certains n'y voudraient rien changer : stop ! On fige les choses à l'instant T, plus de végétaux nouveaux dans notre pays, plus d'abattage d'arbre non plus. C'est oublier qu'il n'en a jamais été ainsi, et si l'on n'accepte pas l'idée que des espèces végétales nouvelles puissent s'implanter et faire évoluer l'environnement floral, alors comment justifier que les acacias implantés au 17ème siècle dans notre pays soient légitimes - et oui, le miel d'acacia est en quelque sorte "exotique" - ? Dans une tout autre échelle de temps, comment aborder l'évolution du châtaignier, abondant au Tertiaire, repoussé vers le Sud par les glaciations, regagnant une partie de son aire d'origine à la fin du Quaternaire mais qui n'a fini par trouver une place importante dans beaucoup de régions que grâce à la main de l'homme qui l'a abondamment multiplié et planté ? Les exemples ne manquent pas. Il me semble que l'inquiétude peut venir aujourd'hui de l'accélération brutale (dans l'échelle du temps et celle de la quantité) du phénomène d'invasion, d'implantation de nouvelles espèces végétales et animales (ex : la jussie). Il n'y a plus de forêt primaire en France depuis belle lurette, il nous faut admettre que l'ensemble de notre environnement végétal est le résultat du travail de l'homme, cela éclaire d'un nouveau jour le concept de "fleur naturelle".

Tous les végétaux et ils sont nombreux, qui peuvent apporter des ressources en sucres et/ou en protéines sont les bienvenus pour nos abeilles, ceci dit, il est également important de faire le distinguo entre ressources permettant aux abeilles de vivre et ressources permettant aux abeilles de produire du miel en abondance. Pour remplir des hausses de miel (objectif principal de l'apiculteur professionnel) il faut une miellée importante et qui dure plusieurs jours, voire plusieurs semaines, il est pour cela nécessaire d'avoir une grande quantité de fleurs, elles peuvent êtres originaires de cultures comme les champs de colza, de luzerne, de tournesol, aussi bien que spontanées comme les acacias, les châtaigniers, les aubépines (photo à gauche).
C'est donc un geste très éco-citoyen de planter des haies mellifères, il est toutefois bon d'en connaître les limites et ce n'est pas parce que l'on aura planté un arbousier dans son jardin, (celui-ci sera couvert d'abeilles au moment de la floraison) que l'on aura permis à la ruche du voisin de produire du miel (je n'ai jamais produit de miel d'arbousier...), il en faudrait des milliers...

Un environnement qui parfois s'appauvrit pour les butineurs.

Nous disions donc : évolution ; les forêts n'échappent pas à cette règle et nombre d'entre-elles ont été replantées en grande partie en conifères (pins, douglas, sapins,...), ce qui est parfait pour faire des planches qui deviendront des ruches mais déplorable quand on examine le sous-bois : rien ou presque ne semble survivre sous le couvert de ces résineux. Chez nous c'est la quasi-disparition d'un arbuste mellifère qui produisait un miel extraordinaire : la bourdaine.



Dans notre région les conifères ne produisent pas de miellat, autant de surfaces mellifères perdues...








Un environnement qui parfois s'enrichit pour les butineurs.



Bien évidemment la diversité des apports - multiplier les sources de pollen - est une bonne chose pour les colonies, mais rien ne vaut une immensité de fleurs (à gauche un champ de tournesol) pour assurer réserves de miel dans le corps et hausses garnies. On peut trouver parfois des endroits où les ruches sont (presque) toujours belles et populeuses mais où elles ne produiront en définitive pas ou peu de récoltes pour l'apiculteur car le potentiel mellifère, certes diversifié, n'est jamais suffisant quantitativement.









Les cultures comme le colza sont capables d'apporter à nos avettes des ressources fantastiques - merci aux agriculteurs pour cela - on peut aussi rechercher des sources de nectar plus "bio", mais où produire du miel ? Ce n'est pas en allant dans le désert que nos abeilles trouveront des fleurs à butiner - un environnement pourvu de végétaux non mellifères est comme un désert pour celles-ci - ; il nous faut donc composer avec notre environnement car nos butineuses qui parcourent assez aisément trois kilomètres,  sortent donc potentiellement des zones "bio"...











Les meilleurs emplacements sont peut-être constitués de "tissus mixtes", un environnement bocager avec des haies et des prés florifères, avec également des cultures d'oléagineux pour "booster" les récoltes et garnir les hausses. Lorsqu'on est apiculteur professionnel et que l'on désire le rester, il nous faut dégager un revenu de l'élevage de nos abeilles, il nous faut produire du miel pour pouvoir le vendre...











Qu'elles soient de toutes origines, les fleurs mellifères et pollenifères (je sais ce dernier terme n'existe pas...) sont la clef de la survie et du développement des insectes butineurs. Aussi lorsque je vois de belles initiatives comme ces champs cultivés en phacélie, en trèfle incarnat, j'applaudis bien fort ! Et pour les particuliers qui cultivent quelques plantes mellifères sur leur balcon ou qui choisissent des arbustes "bons pour les insectes", je dis : plantez, plantez, il en restera toujours quelque chose !






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